Accueil › Forums › Vos travaux › Traitement des boiseries extérieures (travail en cours, E4)
- Ce sujet contient 11 réponses, 5 participants et a été mis à jour pour la dernière fois par Alain Diart, le il y a 3 années et 6 mois. Ce sujet a été consulté 1456 fois
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12 avril 2021 à 0 h 16 min #27534
Quand je suis arrivé sur le chantier à l’automne dernier, j’avais comme projet de m’occuper de mes œuvres vives, et de tacler une petite voie d’eau que j’ai en navigation. Et c’était le seul programme que je me donnais pour cette saison de travaux (même si je crois que le panneau de descente était peut-être déjà au programme). Le bateau est sur un chantier associatif, du coup ça discute beaucoup sur le terre plein et le calage du bateau est l’occasion de rencontrer ses nouveaux voisins. Première rencontre : « Et tu compte faire quoi sur ton bateau, les listons ? », non, ce n’était pas au programme. Deuxième rencontre : « Il est sympa ton bateau, tu vas vernir tes listons !? »… Troisième rencontre « elles ont soif tes boiseries »… Cette fois ci j’explique que ce n’était pas au programme mais que je vais y réfléchir…
C’est vrai que mes boiseries ont soif, et puis le liston de tribord était cassé quand j’ai acheté le bateau, je l’avais recollé à la PU un peu à l’arrache avant de mettre le bateau à l’eau le jour de l’achat, sans le démonter, et avec un tout petit serre joint posé comme j’ai pu. Ca commençait à se redécoller un peu, alors, faisons ça, occupons nous de ces listons, et tant qu’à faire des mains courantes et du panneau de descente. Tant qu’à acheter du vernis, autant qu’il serve.
Sur mon premier bateau j’avais traité les boiseries extérieures au mélange huile de lin, térébenthine, siccatif, dont j’avais été très satisfait, c’est facile, pas besoin de poncer pour remettre une couche, ça a un aspect satiné que je trouve sympa. En revanche, ça ramolli le bois, et les listons prennent cher aux passages des bouts, partout où j’avais un pare battage, le liston avait été significativement attaqué. D’où mon idée initiale de traiter les listons à l’epoxy. Mais après discussions avec un gars dont la restauration de bateau est le métier, j’envisage un autre produit : le G4 (ou son cousin traité anti-UV, le G8), également recommandé ici ou là sur ce site ou Hisse&Ho.
A la mi-mars, j’initie ces travaux avec le démontage des listons qui sont en piteux état, si l’extérieur est sec et grisé, l’intérieur est lui très humide. L’eau s’infiltre entre le liston et la coque, et n’a pas l’air de vouloir se déloger de là, les listons sont pourris par endroit et bardés de mousses. Yuk!
A gauche jonction coque-pont nettoyée, à droite encore de la mousse.
Ouais, fallait s’en occuper !
Avant de poncer, je commence par gratter cette couche de saleté, et les laisse sécher une petite semaine à l’air libre. Poncer dans du bois aussi humide ne fait rien de bien. Et puis, la colle PU qui réparait le liston tribord avait fait son temps, j’étais pas loin d’avoir deux bouts de liston indépendants. Du gaffer fera l’affaire en attendant de le recoller, et un petit message à l’attention des autres utilisateurs du chantier pour les prévenir de la fragilité.
Une semaine plus tard, je commence le ponçage (grain 80), et le bois retrouve une jolie couleur ambrée (je ne suis pas un spécialiste pour reconnaître les essences de bois, mais il paraît que c’est de l’acajou, quelqu’un confirme ?) Et tant que j’y suis, je ponce la moitié de mon panneau de descente (que je remplacerai totalement, le CP n’est pas de bonne qualité) pour faire des essais avec ce que j’ai sous la main : epoxy et G8. Ce tests me montre qu’une couche d’epoxy suffit à donner un aspect bien brillant, pour le G8, il faut au moins 2 couches, et attendre un peu plus que je ne l’ai fait entre la seconde et troisième couche.
A gauche epoxy, à droite, G8 (une couche), posé à l’arrache entre mes autres activités du jour.
A gauche G8, 3 tiers : 3 puis 2 puis 1 couche (la photo rend mal les différences, mais elle se voit), à droite epoxy, (le 1er tiers est également surcouché au G8)
Au passage, le soir, en reposant le panneau, le contraste entre la partie vernie et celle peinte me plaît assez…
Ce qui m’amène à commencer le traitement des listons. Comme je l’ai dit, celui de tribord est pas loin d’être cassé en deux. Du coup, après un recollage à la colle bois PU, cette fois ci dans les règles de l’art (comprendre « tu n’as jamais trop de serre joint en stock »), j’envisage de le solidifier.
Pour ce faire, je stratifie à l’epoxy sur la partie intérieure du liston une bande de roving. Les fibres du roving allant dans la même direction, je me dit que ça va bien aider à refaire une seule pièce de mon liston faiblard. Dans le même temps je me pose la question de ce que ça va donner dans le temps, il est probable que le bois va plus travailler que l’epoxy-fibre. Est-ce que ça peut craqueler, chercher à se décoller… L’avenir nous le dira.
« La seule certitude que j’ai c’est d’être dans le doute » (P. Desproges)
Pour cet atelier de stratification, je protège la tranche du liston par du scotch de masquage, pour me donner un peu moins de boulot de ponçage avec les coulures qui sont inévitables. Et je découpe la bande de masque au ras du bois avec une lame de cutter.
Et ça marche super, un coup de ponçage sur l’epoxy la semaine d’après et c’est pas mal du tout, mais j’ai encore quelques creux et bosses, et je ne veux pas mettre une seconde couche d’epoxy (mes doutes du paragraphe précédent). J’ai du gelcoat, je prévois quelques travaux avec, mais n’ai jamais joué avec… quelle belle occasion pour se faire un premier essai, si c’est moche, je serai le seul à le savoir, et si ça marche comme je l’imagine, je n’aurai plus jamais d’eau à rentrer dans le bois entre la coque et le liston… Et j’ai bien conscience d’en faire un peu trop avec cette couche de gelcoat, ce n’était pas nécessaire, mais ça me fait plaisir, ne m’en voulez pas trop
Le résultat est juste sublime, je suis prêt à passer au vernis, et ce sera pour dans quelques semaine car je voudrais le faire avec les mains courantes… mains courantes qui ressemblent d’assez prêt à mes listons et que j’ai démontées ce week-end… Yuk yuk!
13 avril 2021 à 0 h 39 min #27540bonjour alain
vraiment du beau travail….chapeau bas
Au remontage, attention au passage des vis: c’est par là que l’eau s’infiltre dans le contre moule, (en pourrissant au passage l’âme en bois – intérieure – jonction pont / coque):
Les courbes des listons n’épousent pas étroitement celles de la jonction pont/coque; une fois le liston en place, j’ai étanché dans la mesure du possible en posant un scotch de masquage par en dessous et j’ai coulé de la résine époxy à la seringue dans la fente entre le bois et la coque…depuis 2 ans çà a l’air efficace.
A la suite de la re-confection des mains courantes, j’avais laissé un message sur le site. (mains courantes extérieures)
Bonne continuation, az
- Cette réponse a été modifiée le il y a 3 années et 7 mois par Alain Z.
13 avril 2021 à 8 h 35 min #27542Merci Alain !
Oui,je n’en ai pas parlé (c’est déjà assez long, et je n’ai pas de photos), j’ai repercé le liston à 8 mm et ai rempli a l’epoxy chargé à moitié au silica, à moitié à la sciure de bois de liston. Je repercerai au centre à 5mm, il n’y aura plus d’eau à s’infiltrer dans le liston.
J’ai fait de même dans la jonction coque pont, que je laisse à l’air libre tant que je peux (protégé de la pluie). Ce n’était pas une bonne nouvelle, le bois de la jonction n’est pas en bon état. Je m’en suis aperçu en demontant le liston : une des vis entrait et sortait librement.
Cette année, je limite autant que je peux les entrées d’eau à cet endroit. En espérant un peu naïvement que ca suffise à résoudre le problème. Je n’ y crois pas tellement, il faudra sans doute que je traite ca sérieusement à la prochaine saison de travaux…
13 avril 2021 à 9 h 59 min #27543Superbe boulot Alain.
Très très beau, faut que je j’apprenne à jouer avec le gel coat car ton idée sur les listons me séduit beaucoup, et j’ai surtout un appui à refaire.
Pour les entrées d’eau par les vis, j’ai pour habitude de toujours bourrer au sika le trou avant de visser. Je trouve que cela assure une très bonne étanchéité, et Dieu sait qu’en Gironde il pleut autant qu’en Bretagne.
13 avril 2021 à 13 h 09 min #27544En Bretagne, il pleut que sur les cons… et j’me trouve un peu con parfois :)
J’ai posé le gel coat au pinceau (la zone à couvrir était toute petite), ça marche assez bien, mais même si ça a tendance à se lisser assez naturellement, il restait des traces. Du coup je pense qu’il ne faut pas hésiter à bien le charger. J’ai repris mes coulures avec un ponçage très léger (et au grain 120), c’est nickel, ça se ponce très bien, mais un peu plus d’épaisseur par endroit n’aurait pas fait de mal.
13 avril 2021 à 23 h 08 min #27545Ok merci beaucoup Alain.
2 mai 2021 à 11 h 52 min #27785Je continue la série avec le traitement des mains courantes et la pose du vernis.
Ca commence par le démontage, protection au gaffer des trous exposés à la pluie, et confection d’un rail temporaire pour le capot de roof, histoire de pouvoir fermer le bateau le temps des travaux. J’ai récupéré pour ça deux tasseaux qui me servent d’ordinaire à soutenir le mât en son milieu, et j’ai créé dedans deux découpes à la défonceuse.
Là encore mes boiseries étaient en sale état, et c’est particulièrement criant une fois démonté (en place ça ne paraissait pas aussi moche). Un peu la honte ! Comme pour mes listons, je les ai laissé sécher une semaine, le bois était très humide, impossible à poncer en l’état.
Comme pour les listons, j’ai poncé au grain 80, mais contrairement aux listons, je ne prévois pas de les renforcer à la fibre. En revanche, j’ai de longues fissures très visibles, des pocs ici et là que je remplis à l’epoxy chargé à la « ponçure » de bois. Et comme le mélange epoxy-ponçure me semble très sombre, j’ajoute un peu de silica au mix (et avec le recul ce n’était pas nécessaire). Je perce tous les passages de vis un peu plus large (10mm au lieu de 6) et rempli tous les trous par ce mélange également. Avec l’expérience de mes listons, je ne cherche pas à faire propre ici, mais au contraire de recharger plus que nécessaire, l’epoxy en séchant à tendance à se rétracter (en fait de se répartir dans l’espace qu’il a à disposition). Remplir à ras-bord laisse des cuvettes une fois sec.
Ne pas hésiter à baver, ça se ponce très bien de toutes façon !
J’avais sur les listons aux passage des amarres des manques de matière et pour ça, j’ai utilisé du scotch de masquage plastique pour recréer la forme. C’est pas facile à tendre mais avec un peu de persévérance on y arrive et le résultat un fois sec est pas mal, ça laisse des bulles (qui sont apparues au ponçage) mais qui sont facile à remplir la semaine suivantes car d’une taille cette fois ci réduite.
Après quelques semaines à passer entre refill, ponçage, rerefill, reponçage, un jour on se dit qu’on peut passer au vernissage. Et ça commence par un ultime ponçage que j’ai fait au grain 120. Et avant de passer le vernis, on dégraisse à l’alcool à 90° (le G8 ne fait pas bon ménage avec l’acétone).
Je me suis aménagé un petit râtelier qui me permet de vernir toutes les faces à la fois, avec les pièces suspendues et tenues par du fil de fer tordu de façon à n’avoir que deux pointes de contact par où c’est tenu. Ne vernissant pas la tranche des listons qui est gelcoatée, ils sont posés sur les étais que j’ai utilisé. Et ça a un petit côté kendo que je trouve sympa !
Pour les listons, j’étais parti sur du vernis G8, avec pour objectif de les traiter en profondeur et durcir le bois. Et comme le G8 se vend en bidon d’1l, j’ai de quoi traiter les mains courantes avec également. Au moment de commencer le vernis, un voisin de chantier, charpentier marine de métier et qui retape des vieux gréements vient me voir, me questionne sur mes intentions et avec la questions fatidique « combien de couches ? »… J’en sais rien, je lui répond « suffisamment » (en pensant pour moi même 4, 5, peut-être 6). Et pointant le doigt au dessus de nos têtes sur un mât en bois entreposé là, il continue en disant « 18 couches ! » . Et il m’explique qu’il faut commencer par beaucoup diluer le vernis, 50% pour la première couche pour pénétrer le plus possible le bois avec un produit très liquide. Et poursuivre en perdant 10% de diluant à chaque couche. Mécaniquement ça fait déjà 5 couches. Il m’explique aussi que les premières couches ne sont pas brillantes mais servent à offrir un support pour les retouches pour quand il y a un choc ou qu’on reverni quelques années après. Ca fait sens, il a une certaine expérience, je vais l’écouter. D’autant qu’on peut surcoucher tant que le produit est « amoureux », et que ça permet en une journée de vernir en boucle, une fois qu’on a fait le tour, on peut recommencer. En fin de journée, j’en suis à 4 couches et ça commencer à briller un peu.
Dans l’après midi un autre voisin vient discuter avec moi : « combien de couches ? », je lui répond ce que j’envisage « pas moins de 8 », et lui de me répondre que son voisin est à 32 couches sur sa cabine… Nanmé sans déconner . Mon objectif change un peu : tant que j’ai du vernis, j’en passerai sur les listons (les mains courantes j’irai pas aussi haut). Le produit ne se conservera pas des mois, autant l’utiliser, et je doute d’avoir assez de G8 pour faire le safran avec.
Nouveau week-end, je retrouve mes boiseries qui sont très jolies, les listons plus que les mains courantes. Avec mes histoires de fibre et de gelcoat, j’avais du les poncer au moins 6-7 fois (j’ai pas trop compté). les mains courantes, 2-3 fois seulement (plus facile à compter). Alors si j’égraine les listons au grain 180 et à l’eau, les mains courantes subissent un ponçage un peu plus sérieux toujours au 180 et à l’eau, mais plus sérieux.
Et je ne regrette pas cette décision, les premières couches de vernis sont tellement plus jolies.
Au passage, on voit sur la photo ce que donne l’epoxy-silica-bois, et on voit bien que le silica est en trop. Le vernis fait ressortir la couleur du bois, mais pas de l’epoxy qui garde la même teinte. Même si epoxy-bois sans silica paraît trop sombre au premier abord, une fois vernis c’est sans doute plus juste en terme de couleur. Je ne regrette pas néanmoins, de près ça se voit sans que ce soit vraiment moche. De loin, les fissures se seraient vue d’une manière bien plus prononcée.
Bon, la prochaine fois je refillerai à l’epoxy-bois sans silica (et ce sera pour mon safran).
Oh et pis tiens, je vous présente « gros-nez », très sympathique copain de chantier…
- Cette réponse a été modifiée le il y a 3 années et 6 mois par Alain Diart. Raison: introducing "gros-nez"
5 mai 2021 à 23 h 00 min #27822Beau travail Alain,
Je trouve ça plus beau des listions en bois, les miens sont en pic.
6 mai 2021 à 20 h 44 min #27827Joli travail, ça rend vraiment très bien surtout quand on voit leur état avant!
6 mai 2021 à 22 h 07 min #27832Merci vous deux !
C’est l’avantage de commencer par un truc vraiment moche, on n’a pas de difficultés à être satisfait de son travail.
Une photo du sur-lendemain avec une seconde tournée de vernis sur les mains courantes… ça prend forme !
7 mai 2021 à 23 h 05 min #27874Très beau boulot Alain.
Merci pour le partage de l’information sur la dilution du vernis, je l’ignorais, du coup, la prochaine fois j’appliquerai.
En revanche, pour le ponçage, je trouve ton grain encore assez gros, moi je vais au delà du 240.
J’ai essayé le 400 à l’eau, mais c’est un peu trop, du coup je reste sur du 340 sec.14 mai 2021 à 0 h 14 min #27928Salut Patrick,
merci :) 240 c’était le week-end dernier, la prochaine séance sera au 320 (et je pense m’en tenir là). Mais tout à fait d’accord avec toi, c’est juste que j’ai pour habitude de monter progressivement en grammage.
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