Introduction
Dans cette série d’articles, je dévoilerai tout ce que nous avons vécu depuis trois ans en étant propriétaires d’un Edel. Nous allons découvrir les erreurs que j’ai commises mais en même temps tout le bonheur qu’une telle expérience peut nous apporter. J’ouvre donc la porte aux réactions diverses, aux oh là, là, là j’aurais pas fait ça!, aux ça craint, etc… Mais bon, dans l’esprit de partage j’espère que ce récit servira à aider les autres et que vous vous reconnaitrez quelque part dans mon expérience. Personne n’est parfait… J’avoue que je suis ni expert ni professionnel dans le domaine, juste un simple type bricolo, passionné de la voile qui est parti à la recherche d’un rêve. Voici mon expérience.
Le rêve se réalise
L’idée d’être propriétaire d’un petit voilier habitable est née il y a bien longtemps. Même avant ma première expérience à 16 ans (à Cassis, ah on comprend tout maintenant!), à bord d’un voilier, j’ai toujours été attiré par les bateaux. J’ai des souvenirs d’enfance où je proposais à mon père d’aller faire un tour à une porte-ouverte (l’info que j’ai découverte en écoutant à la radio) d’un grand concessionnaire de bateau car on pouvait monter sur les bateaux et aussi profiter des hot-dogs gratis! Qu’est-ce qu’il y a de mieux pour un gamin de 10 ans que de passer une journée à regarder des bateaux avec un hot-dog à la main et en compagnie de son père ? Et les années passent et passent, malgré le temps le rêve reste net dans ma tête et évolue pendant près de 20 ans.
{xtypo_quote_right} Allez Roro! il est temps que tu réalises ton rêve mon vieux{/xtypo_quote_right} En 2007, je commence à réfléchir à l’idée folle d’acquérir un voilier. C’est dingue mais c’est vrai, un jour je me réveille et je me dis (en anglais bien sûr!) Allez Roro! il est temps que tu réalises ton rêve mon vieux. Ah oui, je prends une seconde pour avouer que je n’en ai pas du tout parlé avec ma femme avant ce jour décisif. Il s’agissait vraiment d’un rêve caché dont je ne parlais pas… Imaginez la tête d’Eva quand je lui ai annoncé la ‘bonne’ nouvelle…
Que cherche-t-on ?
Dans mon cahier des charges de départ, j’envisage un voilier habitable pour partir en croisière (peut-être loin un jour) et même vivre à bord. Alors, quel marque de voilier (comme je ne connais pas du tout les bateaux ‘français’), quelle taille, quel prix, et à quel endroit ? Là, je me réponds et fini par me poser d’autres questions. Au finale, je décide comme pour beaucoup de commencer par la chose qui fait des ravages dans la liste des voeux : LE PRIX. Je me fixe comme budget 10 000 EUR même si je ne les ai pas.. Ca me semble correct pour une unité d’un certain âge. Je parcours toutes les annonces bateaux sur internet : Boats-diffusion, Annonces Bateau, etc.. Je vois vraiment de tout et de rien qui me plait. Pour parler franchement, les unités qui m’attirent demandes un budget plus important… 5 000 de plus. J’ai sûrement des goûts de luxes, je me dis. Quelques annonces pour des voiliers de plus de 9m me tentent car le prix est en dessous des 15 000 et 9m c’est gros! Je me renseigne pendant 1 semaine de jour et de nuit pour trouver le plus d’info sur ces deux bateaux, dont un Sirocco et un autre voilier d’un chantier espagnol dont j’oublie le nom. Pendant ce temps là, j’envoie quelques clichés des bateaux candidats à ma belle-mère qui doit croire que je suis complètement maboul et à mon père qui le sait déjà ! Du coup, Eva et moi partons à l’aventure vers Cap d’Agde pour en visiter d’autres possibles. Sur la liste figure un Sirocco (9m), un Jouët 760 (7m), et je ne sais plus trop… mais deux autres voiliers. Le vendeur Boats-Diffusion nous emmène visiter les bateaux sur notre liste. C’est un moment révélateur dès la première visite du Sirocco. C’est un voilier qui a été oublié par son propriétaire anglais et qui est dans en état pitoyable à cause du fait qu’on l’a laissé pourrir… C’est triste à voir car on nous dit que ce bateau était un vrai bijoux il y a quelques années en arrière. Comme quoi, il faut se méfier des photos qu’on voit dans les annonces et des descriptifs sur évalués.
{xtypo_quote_left}Honnêtement, je n’y ai pas trop réfléchi avant… {/xtypo_quote_left} On continue à visiter les autres bateaux sans aller plus loin qu’à regarder l’extérieur. C’est un vrai casting digne de la télé-réalité! L’élimination se fait rapidement. Nous terminons enfin les visites sur un Jouët 760 qui est très bon état, propre et remotorisé. Il est beaucoup plus petit que ce que je préfère et pas assez habitable à mon goût. Et puis, je pose la question qui fâche. Combien ça coûte Jean-Pierre ? Environ 18 000 EUR si ma mémoire est bonne. Aie! En plus, la question de la Place au Port se pose aussitôt… Honnêtement, je n’y ai pas trop réfléchi avant (erreur… ). Le vendeur nous propose gentiment la place à 3 000 ou 4 000EUR / an. Encore aie! Nous repartons le jour même pour la maison. Je suis un peu déprimé par cet échec de bateaux pourris. De plus, il nous faut beaucoup plus d’argent que prévu. Es-ce la fin de mon rêve ? Est-il tombé à l’eau ? Pendant les 5 heures de route de retour, j’essaie de réfléchir à tous les autres scénarios possibles pour continuer l’aventure (restons dans l’espirt des télé-réalités). Dès notre retour, je me connecte sur internet à la recherche d’un bateau idéal pour nous (moi). C’est à ce moment là que je tombe sur une annonce eBay pour un bateau qui s’appelle un Edel 4. Le prix de départ de l’enchère me semble très séduisant (2 900 EUR), la taille raisonnable (7,10m), et l’intérieur m’intrigue à un tel point que je m’affole pour trouver d’avantage d’info sur cette marque Edel, inconnue de moi. Comme par hasard, je découvre quelques sites où on trouve pas mal de docs et une communauté de propriétaires de marque Edel. C’est bon signe! Parmi ces sites, un en particulier me parle… www.edel5.fr. Bon il ne s’agit pas du même modèle, mais il y’a un forum où ça discute. D’ailleurs, on sait ce qu’il est devenu ce site, non ? Edelvoilier.org bien sûr !. Ca me rassure, le fait qu’il existe un réseau, en quelques sortes, où je pourrais poser des questions par rapport aux Edels, avoir plus de renseigements, etc. Au moins, on voit que ça bouge ! C’est un vrai plus pour ce fameux Edel 4 sur eBay.
Le week-end d’après, je kidnappe Eva encore une fois pour aller visiter l’Edel 4 qui se trouve quelque part dans un port à sec chez Navy Service à Port St. Louis du Rhône (13). Ca va faire encore une bonne trotte de 5 à 6 heures de route. En arrivant dans les environs de Port St. Louis, on voit des champs d’éoliennes et des usines. Quel contraste par rapport à la faune et flore de la Camargue. Chez Navy Service on aperçoit des milliers e bateaux. Le défi de la journée est de chercher une aiguille dans une botte de foin. Le seul indice est parmi ces photos ci-dessous (car on n’arrive pas à joindre le propriétaire) :
coque blanche, antifouling bleu | pont blanc | ||
bloc cuisine | carré |
EDEL 4 de 1975 – Excellent état Prix: € 4 800
Voilier habitable, transportable, 5 couchages 7,10m x 2,50m avec Roof relevable. Cabine avant double, wc marin, 3 couchages dans le carré, Cuisine avec 2 feux, glacière, réserve d eau. Quille traitée, coque, carénage, traitement anti osmose époxy, Antifouling, pont et intérieur repeint avril 2006. Pas d osmose. GV, génois, 2 focs, tourmentin. Equipé 5ème catégorie. Visible à sec. Un bateau fiable, agréable, performant, idéal pour une navigation côtière et rassurant même pour les débutants.
Le début et la visite
Eva et moi visitons le bateau à deux reprises en moins d’une semaine. Ca nous fait encore de la route depuis la Savoie. La première fois avant de l’acheter pour vérifier son état et pour savoir s’il nous (me) plait et la deuxième fois quand le marché a été conclu pour vraiment inspecter le bateau (erreur… ). J’aurais dû bien le scruter dès la première visite. Nous sommes pris dans la folie…
L’état du bateau
{xtypo_quote_right}Il ne faut pas oublier qu’il s’agit d’un bateau de plus de 30 ans donc il y aura forcément des choses à revoir.{/xtypo_quote_right} En ce qui concerne les oeuvres vives et mortes, tout est comme il faut (enfin d’après mon oeil amateur ‘expert’). La peinture de la coque est récente et brille, l’antifouling est également très récent. Je remarque tout de même des traces de rouille au niveau de la jonction coque-quille. Je regarde son état général sans vraiment connaitre si le bateau est vraiment en bon état. Nous fouillons le bateau de fond en comble. Je sors tout et démonte tout ce que j’arrive à enlever afin de faire l’inventaire complet. Je ne constate pas de gros soucis. Il ne faut pas oublier qu’il s’agit d’un bateau de plus de 30 ans donc il y aura forcément des choses à revoir. En ouvrant la cabine, nous ne sommes pas pris par des (mauvaises) odeurs en particulier. {xtypo_info} On m avait dit que si ça sentait le carburant, la moisissure vaut mieux se retourner en courant… C’est sec et bien rangé (pas de bordel, ouf! ). La sellerie est complète, les housses sont un peu démodées mais sans tâches, sans trous. Je soulève le plancher dans le carré et bonne nouvelle, les boulons de quille sont très propres (pas de signes de rouilles) et il n’y a pas d’eau qui stagne. Voici la visite de la fouille en quelques images.
L’extérieur
la coque en très bon état et antifouling récent
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On découvre le roof relevable!
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Le gréement me semble en bon état
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Le cockpit défraîchi
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La peinture du pont a besoin d’un coup de neuf
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Le panneau de pont est récent
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L’intérieur
L’intérieur pendant la première visite (sain et sec)
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La cabine est propre. La peinture récente.
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La cuisine en bon état. Le compas est nickel.
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Coffre arrière bâbord. Peinture écaillée. |
tableau électrique vétuste 12v et 220v |
WC marin assez récent
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L’inventaire
Le bateau est plutôt bien équipé et assez complet. Il ne manque rien de vital** à la première inspection. Voici l’inventaire que j’ai fait lors de la fouille:
- 1 moteur hors-bord (Suzuki 6CV 2 temps)
- 1 batterie 90AH récente
- 1 chargeur de batterie (ancien et pas très adapté)
- 1 compas installé dans le cloison à tribord en très bon état
- 2 capteurs pour sondeur (collé à la coque dans une bain d’huile) et speedo (installé dans un coffre du carré)
- 1 speedo ancien marque Plastimo, la vitre est opaque
- 3 feux de navigation (tri/bâbord/poupe)
- 1 feu de mouillage
- 1 projecteur de pont
- 1 bouchon de puis de moteur
- 1 bouée fer à cheval
- 1 échelle de bains pliante
- 1 saut
- 2 gaffes
- 1 ancre d’origine
- 2 ancres grappin
- diverses chaines et bouts (amarres)
- drisses et écoutes (en état moyen)
- 2 cousins de cockpit pour les banquette
- 1 jeu de voiles à endrailler (GV d’origine: bon état pour son âge, Génois: fatigué, 2 foc: très bon état, 1 tourmentin: excellent état)
la grande-voile |
le génois |
- 2 winchs de génois Lewmar 6
- 1 winch de ris installé sur la bôme
- 1 manivelle de winch (non-standard)
- 1 petit tangon
- 1 barre
- 1 safran
- 2 tauds de soleil
Ce qu’il manque :
- gilets de sauvetages
- une poignée d’équipement de sécurité (fusées, feux à retournement, etc..)
- sondeur (le capteur est là, mais il n’y a pas d’afficheur)
Dans les prochains articles
Je expliquerai l’histoire de la galère des papiers, le démâtage, la peinture du pont et du mât, les travaux de la jonction coque-quille, la peinture sous-marine, le casse-tête pour ramener le bateau chez nous, une anecdote sur notre confrère Edeliste Aski, et encore un pléthore de choses à venir. A suivre sur
j\’ai hâte de lire la suite, merci roro pour l\’article!